Une brève histoire des croix du Cantal

 

croix de Chaussenac, XIIe siècle

croix de Chaussenac, 

hameau de Cussac. 

XIIe siècle.

 

Époque romane.

La représentation de la Crucifixion fut longtemps différée, en raison principalement du caractère humiliant du supplice de la croix. Les premières images, en effet, datent du Ve siècle, et présentent un Christ encore vivant sur la croix, yeux ouverts et vêtu du Subligacalum, tenue des gladiateurs.

Ce n'est qu'à l'époque romane, soit à partir du XIe siècle, que la représentation du Christ va progressivement correspondre à la réalité théologique du Christ mort sur la croix.

Les Christs romans obéissent à un canon relativement strict : bras horizontaux, tête modérément penchée, cheveux longs retombant sur les épaules. Les pieds sont séparés et le perizonium (ou "jupon"), souvent doté d'une ceinture axiale, descend jusqu'aux genoux. 

Telle est du moins la règle des Crucifix en bois (Pour le Cantal : Vebret, Valuéjols, Montsalvy, Saint-Flour; mais cela vaut ailleurs). Les croix de chemins, en revanche, parce qu'elles sont en pierre, ne peuvent intégralement correspondre à ce modèle. Les cheveux, notamment, sont souvent supprimés.

Le Cantal possède au moins trois croix "romanes", à Tourniac, St-Christophe-les-Gorges et Chaussenac. Ce sont des oeuvres exceptionnelles, tant par leur rareté que par leur qualité.

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Croix de Menet, hameau 

de Broc, XIVe siècle.

Époque gothique.

Les croix gothiques apparaissent au XIIIe siècle et s'épanouissent jusqu'au XVe siècle, voire jusqu'au début du XVIe siècle.

Les caractéristiques évoluent lentement et le modèle roman, en réalité, gouverne encore le XIIIe siècle, mais déjà les pieds se croisent. Par la suite, ce croisement des pieds sera systématique.

La croix adopte souvent la forme d'un panneau rectangulaire ou losangique. Au XIVe siècle, ces panneaux sont creusés d'un quadrilobe (Saint-Hippolyte, Menet); au XVe siècle apparaissent des dentelures flamboyantes. L'époque gothique est donc caractérisée par la forme du support, aux bras non déliés.

 

Fridefont, cimetière.

Croix du XVIe siècle.

 

Milieu du XVe - milieu du XVIe siècle.

Cette période est la plus riche de l'art crucifère, dans le Cantal comme ailleurs. La croix-panneau laisse place à la croix aux bras déliés. Les personnages secondaires apparaissent tandis qu'un schéma de base tend à s'imposer : sur une face figure le Christ, encadré à sa droite par la Vierge, à sa gauche par saint Jean. Les exceptions à ce modèle sont rares. Sur l'autre face on voit la Vierge, d'abord en Majesté (XVe siècle), c'est-à-dire assise, portant l'Enfant sur son genou gauche. Plus tard, la Vierge porte l'Enfant debout. Parfois des anges ou d'autres personnages, comme les Saintes Femmes (Fridefont, notre illustration) complètent le tableau.

 

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Croix de Celles,

XVIIe siècle.

Croix du XVIIe siècle.

Le XVIIe siècle est le siècle du baroque, comme l'attestent encore, dans notre département, de nombreux retables rutilants. Le modèle précédent reste valable, mais s'affadit parfois considérablement. Les belles oeuvres cependant ne sont pas rares, et illustrent bien la réaction catholique du Concile de Trente.

La croix de Celles (notre illustration) est la plus baroque de nos croix cantaliennes, avec son fût torse et ses têtes d'anges ailées. Mais le Cantal possède encore une centaine de monuments attribuables au XVIIe siècle, dont 24 croix datées.

 

croix de St-Cernin, 

en fer forgé, 

XVIIIe siècle.

 

Croix du XVIIIe, XIXe et XXe siècles.

L'art crucifère sombre avec le XVIIIe siècle. Très rares désormais seront les oeuvres de véritables artistes, tandis que le type paysan domine largement. Formes simplifiées, absences de personnages latéraux. La Vierge cependant continue d'occuper les revers, mais le plus souvent elle est seule, en position d'orante. On compte plus de 100 croix attribuables au XVIIIe siècle, dont 41 croix datées. Les croix en fer forgé sont nombreuses à partir de 1750.

La Révolution est une période sombre, divers décrets ordonnant la destruction pure et simple des croix de chemins, en même temps que clochers et chapelles vicinales. Ces prescriptions seront relativement suivies. A partir de 1801 on répare et on relève les monuments.

Le XIXe siècle est riche en quantité, moins en qualité. Le style paysan règne encore en maître, malgré l'intrusion de quelques ateliers spécialisés (venus de Volvic notamment : Champagnac, Neuvéglise...).

Le XXe siècle connaît deux grandes vagues d'érections : en 1918, pour fêter la fin du conflit, et pour le jubilé de l'an 2000. Mais les monuments sont de piètre valeur esthétique.

 

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